Avant tout, il est crucial de définir ce que l’on souhaite évaluer : des savoirs, un niveau de connaissance atteint, une progression, un engagement, ou encore des compétences ? Autant de questions qui compliquent l’exercice.
Des outils traditionnels à questionner
Pas question de jeter aux oubliettes les modalités d’évaluation classiques comme les quiz ou les QCM. Ils restent utiles et efficaces à différentes étapes de la formation. En amont, pour un positionnement initial permettant de poser un diagnostic. Pendant, dans un rôle formatif pour accompagner un ancrage, une progression dans l’acquisition de savoir. À l’issue de la formation, pour mesurer un niveau de connaissance à un instant T.
Ces outils ont également des vertus rassurantes non négligeables, tant pour les apprenants, qui voient leur progression et leurs axes d’amélioration, que pour les formateurs, qui peuvent ajuster leur enseignement en fonction des résultats.
Aujourd’hui, l’IA ouvre le champ des possibles. Cependant, elle rebat aussi les cartes : si elle permet aux formateurs de générer rapidement des quiz, des QCM, des tests, et donc de gagner un temps substantiel pour se consacrer à d’autres aspects de leur mission, elle donne aussi aux apprenants les moyens de trouver facilement les solutions, les réponses aux questions. Cette problématique, qui existait auparavant, vient renforcer le débat sur la valeur réelle à accorder aux résultats d’une évaluation à distance.
Vers l’évaluation de compétences plus complexes
La question se pose dès lors : comment le formateur peut-il évaluer des compétences plus profondes, comme la créativité, la pensée critique, la capacité à résoudre des problèmes complexes, ou encore la collaboration entre pairs ? Les outils d’évaluation traditionnels peinent à saisir toute la complexité des apprentissages d’un apprenant et son engagement dans son parcours, notamment sur de longues formations. En effet, un apprenant peut obtenir de bons résultats à un test en ligne tout en étant peu investi dans son parcours, et inversement, un apprenant engagé peut échouer à un test simplement parce qu’il ne correspond pas à son format d’apprentissage.
Pour mesurer la qualité de cet engagement, il est donc indispensable de repenser l’évaluation en profondeur, avec des outils qui replacent formateurs et apprenants au centre du processus.
Le e-portfolio, un outil de choix
Chez Ingenium, nous avons l’habitude de chercher et de tester des solutions, de nouveaux outils, de réfléchir à de nouveaux usages, pour répondre aux besoins des acteurs de la formation. Mais l’innovation ne doit pas être au détriment d’outils qui ont eu tout le temps de faire leurs preuves, le e-portfolio, par exemple, version numérique du portfolio largement connu des milieux artistiques. Cet espace en ligne permet aux apprenants de compiler différents documents, projets, présentations, devoirs, mais également des notes, des fiches, des liens…
Le principe en est simple : chaque apprenant va alimenter son e-portfolio avec les travaux qu’il aura réalisés durant son parcours de formation, travaux qu’il pourra partager avec son formateur et ses pairs. Les avantages sont nombreux. D’abord, il procure un excellent niveau de personnalisation : chaque apprenant créé un portfolio qui lui est propre, qui lui ressemble et qui correspond à sa façon d’apprendre. La réflexivité, ensuite : l’apprenant est encouragé à prendre du recul sur son parcours et à réfléchir de manière critique à ses apprentissages pour les ancrer durablement et identifier ses axes de progression. Quant à la capitalisation, elle va de soi : l’apprenant peut conserver son e-portfolio au-delà de la formation, en l’utilisant comme outil de développement professionnel tout au long de sa carrière.
Outil privilégié pour les apprenants, le e-portfolio offre également aux formateurs une vue d’ensemble personnalisée et évolutive des compétences acquises, du chemin pris par l’apprenant, des recherches qu’il effectue, des restitutions qu’il en fait. Grâce à la centralisation des preuves d’apprentissage, le formateur suivra plus efficacement la progression de chaque apprenant. Il favorise aussi la création d’activités réflexives en lien, par exemple, avec la réalité professionnelle de l’apprenant. C’est enfin un levier pour encourager le travail collaboratif, idéal pour lancer des projets de groupe.
Cependant, cet outil nécessite un véritable engagement des deux côtés. L’apprenant doit y investir du temps et de la réflexion, tandis que le formateur doit adapter ses méthodes pour accompagner les apprentissages plus profonds et les évaluer.
D’autres outils au service du développement de la pensée critique
Former, c’est aussi encourager la pensée critique. Des outils comme Debate ou Kialo promeuvent le débat d’idées dans un groupe ; ils permettent, à partir d’une idée centrale, d’encourager les apprenants à argumenter « Pour ou Contre », et de réagir aux arguments échangés. Arguments et contre-arguments se construisent au fur et à mesure, le formateur recentrant si besoin. Ces débats peuvent ensuite entrer dans le cadre d’une évaluation ; et, si certains vont chercher des arguments en interrogeant l’IA, alors tant mieux ! Parce que les résultats seront soumis à la pensée critique du groupe et du formateur, et contribueront à alimenter le débat !
En conclusion, il est donc essentiel d’accompagner les formateurs qui se sentent un peu démunis dans leurs évaluations. Face au recours de plus en plus systématique à ChatGPT ou autre Gemini de la part de leurs apprenants, de nouveaux outils émergent et leur permettent de continuer d'imaginer des évaluations qui ont du sens !
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